Thursday, August 25, 2005

Lettre ouverte à M. Iba Der Thiam, député du «peuple» à l’Assemblée nationale du Sénégal

Le text suivant est une contribution publiee dans le "Le Quotidien" du 25 aout 2005. Sa pertinence a fait que je nai pas pu resiter a l'envie de le republier dans mon blog. Bonne lecture
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Honorable député du «peuple»,
Le peuple que vous réclamez représenter s’interroge et voudrait avoir des réponses précises à ses interrogations légitimes.
Le mercredi 3 de ce mois d’août, date repère pour les tous jeunes de la génération 60, repère parce que pour la première fois elle assiste, directement ou indirectement au vote d’une résolution de mise en accusation d’une personne ayant occupé de hautes fonctions étatiques ; cette génération de ce peuple que vous êtes censé représenter, vous a entendu dire : «Soyons conséquents.» Bravo, nous saluons de nos deux mains, mais non sans inquiétude.
Ce même peuple que «vous représentez» souhaiterait savoir, également, à qui s’adresse cette interpellation, du reste pleine de sens, tant sur le plan de la morale que de l’éthique.
Soyons conséquents ; D’accord.
Mais, le seul problème à nous est de savoir s’il fallait attendre août 2005 pour être conséquent.
Le député du peuple que vous êtes ou du moins que vous prétendez être, avait-il oublié cette sage leçon, lorsqu’il créait le «Mouvement Abdoo ñu doy» avant de faire un revirement à 180 degrés ?
Justement, parlant de ce mouvement dont vous étiez l’animateur principal, vous décriviez l’ancien président de la République, Abdou Diouf, en ces termes : «… Nous devons soutenir le candidat Abdou Diouf. Non seulement parce qu’il est le candidat de l’espoir, le candidat de la stabilité et de la continuité dans le changement, mais aussi et surtout parce qu’il incarne une certaine idée de l’unité nationale.»
De Maître Wade, l’opposant d’alors, et que nous autres avions choisi depuis fort longtemps, vous disiez : «… Ne pas soutenir un candidat qui invite les citoyens de son pays à organiser des prières contre le gouvernement qu’ils ont démocratiquement investi de leur confiance : … le mouvement «Abdoo ñu doy» ne peut voter pour un candidat à la magistrature qui détient le record olympique de l’absentéisme au Parlement où il continue pourtant de toucher ses indemnités, un candidat qui passe tout son temps à dénigrer son pays, son peuple, ses institutions, ses leaders, ses Forces de l’ordre…» Et moi d’ajouter : ce candidat qui est allé houspiller Abdou Diouf, alors président de la République, devant le Palais Bourbon et qui, aujourd’hui soutien que ceux qui dénigrent le pays à l’étranger sont des traîtres ; sans oublier les prières du mardi et les concerts nocturnes de casseroles !
N’est-ce pas vous, également, qui disiez à Maître Ousmane Ngom, lors d’un débat à la télévision nationale que : «Abdoulaye Wade ne sera jamais au pouvoir.»
Et aujourd’hui, de nous dire que le pays n’a jamais été aussi bien gouverné. Honnêtement, cela pose problème.
Soyons conséquents, Honorable député et professeur.
Nos enseignants, ce corps d’élite, nous ont appris la logique arithmétique simple et pourtant à la base de tout raisonnement, à savoir que 1+1 égalent à 2.
Déduction faite que si la seule voix de Djibo Leity Kâ au soir du 19 mars 2000, devait départager les candidat Diouf et Wade, il est évident que l’alternance ne se serait jamais réalisée ; alors que nous autres avions longtemps choisi pour la réalisation d’un changement de régime.
Au même moment, Maître Ousmane Ngom, flanqué de camions remplis d’éléments du Gmi, tenait meeting aux Parcelles Assainies en traitant de tous les noms d’oiseaux les responsables du Pds d’antan, tandis que Serigne Diop exhibait devant les caméras de la Rts un certain Kalidou, militant du Pds ayant attaqué avec arme, son meeting de soutien pour la réélection de son candidat Abdou Diouf.
On revoit encore le trio Ousmane Ngom, Serigne Diop et Dias accueillir le candidat Diouf au Jet d’eau.
Soyons conséquents, Honorable député. Ce peuple n’est pas dupe, il sait écouter, analyser, déduire et agir avec la responsabilité qui s’impose.
Si vous voulez que ce peuple continue de vous permettre de s’identifier à lui, soyez vous-même conséquent, répondez aux questions suivantes :
Est-ce que ce peuple souhaite se voir administré par les gens ci-dessus cités et avec Mme Aïda Mbodj (celle-là qui avait surnommé son candidat Fantomas), Assane Diagne, Adama Sall ?
Est-ce que la conséquence ne devrait pas vous poussez à demander à la justice de donner une suite à la plainte relative à l’agression de Talla Sylla ?
Est-ce que le domicile de Abdou Fall est plus sacré que celui d’Idrissa Seck, fut-il fautif ou victime, malgré les aveux des assaillants citant, nommément le nom de leur commanditaire ?
Qu’en est-il de Abdoulaye Diack qui a avoué, publiquement, avoir volé de l’argent ?
Est-ce permis à un honorable député, fut-il président de groupe parlementaire d’esquisser des pas de danse au sein de l’`Hémicycle, la deuxième institution de la République et de crier : «On a gagné» ?
Qui on ? Le peuple ou le Parti démocratique sénégalais (Pds) ?
La victoire du peuple est celle du droit, pourquoi alors danser s’il est dit ?
Soyez conséquent, M; le député et répondez, à défaut, restez député de votre parti et ne vous identifiez plus à ce peuple dont le choix de se faire diriger par de nouveaux hommes a été relégué aux calendes grecques.
Au mieux, laissez le soin aux députés Moussa Tine du Jëf-Jël et Khalifa Ababacar Sall du Parti socialiste (que nous avons durement combattu) de s’identifier comme les élus du peuple, rien que par la pertinence de leur argumentation. Que je ne sois surtout pas taxé de pro Moussa ou Khalifa. Si, chez nos dirigeants, on attend qu’il soit midi et en août 2005 pour être conséquent, le peuple, lui, s’est réveillé depuis six heures de la matinée.
Le peuple reste et restera conséquent dans sa logique de sanctionner tous les hommes politiques qui se joueront de lui et cela par la voix des urnes.
Couplage ou découplage des élections.
Honorable député, avec mes sentiments de profonds respects, soyons conséquents.
Lamine DIOP
2170 Darou Nianghor
Tally Icotaf - Pikine